Le parage naturel vous intéresse ? Voici un court résumé de ce qu'on trouve dans le livre de Jaime Jackson sur l'étude des pieds des mustangs sauvages.
Notre modèle : le sabot naturel du mustang sauvage
Les sabots naturels sont courts, avec très peu ou pas du tout de paroi dépassant le niveau de la sole. Les talons sont bas. La sole est concave et la fourchette a un aspect de vieux cuir. Le sabot entier est exempt de seimes, cracks et autres…
Tous les chevaux domestiques peuvent arriver à ce résultat, contrairement à la croyance qui dit que l'élevage produit des chevaux aux mauvais pieds. Les seules choses qui détériorent les pieds sont l'inactivité, un sol trop mou, de mauvaises conditions d'hébergement, une nourriture pas adaptée et un mauvais entretien.
Suit une description plus précise de pieds de mustangs. Cependant PR ne se base pas sur des angles et des mesures à obtenir par le parage. Il considère chaque pied individuellement et ne le force pas à ressembler à un idéal. Cela se produit tout seul mais c'est le sabot qui dicte son rythme.
Le sabot du cheval domestiqueL'entretien des pieds du poulain est très important.
Quand les talons sont trop hauts, P3 repose sur sa pointe au lieu d'être parallèle au sol. Du coup cela met plus de tension sur la chair feuilletée (lamina) et l'os commence à descendre dans la boîte cornée et à pivoter.
Aussi, si les talons restent bas mais si la pince pousse trop longue, le bras de levier créé pousse la paroi vers le haut et loin de P3 à chaque bascule du pied.
Quand la ligne blanche subit une séparation, plus on tire dessus (talons hauts ou pince trop longue), plus P3 descend dans la boîte cornée.
C'est tellement courant que si l'on apprend à reconnaître ça et à le traiter, on peut guérir la plupart des problèmes de pied.
Les gens associent la rotation de P3 avec fourbure mais c'est en fait très courant chez nos chevaux domestiques. PR préfère parler de "séparation du sabot" plutôt que de "rotation" car ce terme a un effet paralysant chez la plupart des gens.
Une position basse ou la rotation de P3 équivaut aux "pieds plats" et est la seule raison pour laquelle les chevaux ont "besoin" de fers.
Quand on commence un bon parage naturel, une paroi ayant un bon angle commence à pousser de la couronne, et poussera en ligne droite jusqu'au sol. Au fur et à mesure de cette pousse, P3 va remonter, la concavité de la sole va se former, et le cheval sera capable de marcher sur n'importe quel terrain.
Les Bases du Parage NaturelQuand on pare il faut avoir un but, ce qui ne veut pas dire que l'on essaie d'imiter le modèle sauvage complètement à tout prix.
Il faut apprendre à lire le sabot. Un parage naturel n'est jamais envahissant.
Quand PR parle de réhabilitation en général, il regroupe le cheval fourbu, le cheval naviculaire, le cheval aux pieds plats, faibles ou contractés, les allures défectueuses et le cheval "sain" qui a juste "besoin" de ses fers.
Il ne faut pas attendre pour parer que le pied ait l'air d'en avoir besoin. On cause alors des dégâts. On doit parer avant que les dégâts soient faits.
Si le pied devient trop long (à cause du fer ou de négligence), il réagit immédiatement et essaie d'enlever l'excès de pousse. Il a plusieurs solutions pour atteindre ce but : la production de corne se ralentit considérablement, une corne plus fine et plus friable est produite. La sole qui doit être dure et lisse, devient crayeuse, se délite et peut même être enlevée avec un cure pied.
Si le pied est constamment gardé à une bonne longueur, c'est le contraire qui se passe. Une corne plus dure et plus épaisse pousse de la couronne. La production de corne s'accélère. C'est cette adaptation qui permet aux chevaux sauvages de garder de beaux pieds.
Pour commencerPlacez le cheval sur une surface dure et plate et observez.
Notez tout déséquilibre, tout évasement de la paroi ("flaring"). Cet évasement révèle une longueur excessive et représente un sérieux affaiblissement.
Vu de côté, la paroi est-elle en ligne droite ou l'angle change-t-il ? Essayez de visualiser l'emplacement de P3.
Ne laissez pas l'angle du paturon et sa relation avec l'angle du pied influencer votre parage. Un cheval qui a mal aux talons va pencher en avant et inversement pour des douleurs en pince. Cela affecte directement la relation entre l'angle du pied et du paturon. Des problèmes musculaires ou osseux peuvent avoir le même effet. Si on aide le cheval à développer un pied "parfait" et qu'il n'a mal nulle part, on finit avec un alignement parfait du pied et du paturon.
PR n'utilise pas les angles du pied et la hauteur du talon pour parer mais la position de P3. C'est le pied lui-même qui cherche à retourner à sa forme optimale, celle du cheval sauvage. On l'aide en enlevant la corne excédentaire et en respectant cette adaptation.
Il est crucial d'apprendre à visualiser la position de P3 et donc la forme que le pied naturel devrait avoir. Les premiers centimètres de nouvelle corne sous la couronne vont vous montrer dans quelle direction le pied doit pousser. La sole va vous renseigner sur l'état de la suspension de P3 dans la boîte cornée.
La callosité de la soleLa sole est le premier guide à suivre.
La bande de sole extérieure d'à peu près 2 cm ½ (1 inch) de large est une zone importante que l'on doit parer le moins possible. Elle va de barre en barre le long de la ligne blanche.
On enlève la corne morte à cet endroit. Normalement, après le premier parage, il n'est plus nécessaire d'y toucher car au contact du sol la sole va durcir et se compacter et commencer à devenir concave.
Cette callosité est très importante et on va tout faire pour qu'elle s'use naturellement de sorte qu'on n'ait pas besoin d'y toucher :
- Il ne faut jamais laisser la muraille pousser de trop. Cela protège la sole de l'abrasion nécessaire à la formation de la callosité. La sole va alors devenir crayeuse et se déliter, comme s'il y avait un fer.
- Il ne faut jamais laisser les barres pousser trop long. Cela donne une protection excessive à la sole, juste comme pour la muraille.
- Le cheval doit bouger un maximum.
La callosité de la sole est placée juste sous P3. Pour les chevaux dont la liaison P3/muraille est faible, cette callosité est cruciale pour leur confort. Au fur et à mesure que la connection entre P3 et la boîte cornée (chair feuilletée) se reconstitue (pousse d'en haut), P3 est suspendu plus haut dans le pied et la zone plate de la callosité disparaît pour faire place à une sole concave.
Dégrossir le piedAvec une rénette, enlever la sole qui se délite et qui s'émiette. La sole poudreuse est de la vieille sole que le cheval essaie d'enlever lui-même. Arrêtez quand vous atteignez de la sole ferme et de qualité, d'aspect cireux ou plastique.
La paroi qui reste au dessus du niveau de la sole est à enlever. En fait quand la sole s'émiette, c'est que le cheval est en train d'essayer de raccourcir la paroi à cet endroit.
Avec une pince, la râpe ou le rénette, parez la muraille jusqu'au niveau de la sole ou juste 1,5 mm au dessus.
La jonction fourchette/sole (lacunes latérales)
Ces lacunes sont le meilleur indicateur de la position de P3.
Cela nous dit exactement combien le pied peu être creusé et de quelle longueur doivent être la pince et les talons.
Comprendre que la jonction fourchette/sole est la limite absolue du parage va aider à ne pas parer trop pour les conditions existantes à l'intérieur de la boîte cornée.
Il ne faut jamais parer plus profond que le fond de la lacune ; elle représente le point le plus bas de la concavité.
Parer pour la concavité est un élément clé pour le fonctionnement du mécanisme du pied et pour permettre au cheval de marcher sur touts terrains, même les cailloux.
Il faut se représenter la concavité du pied naturel comme un bol. Le bas de la jonction fourchette/sole est le point le plus bas du bol. Plus il est profond, plus il est large et le bord du "bol" atteint la paroi. S'il est peu profond il ne va pas aller loin de la fourchette et la sole qui reste entre cette partie parée et la paroi doit être laissée intacte pour qu'elle s'épaississe et accentue la concavité. Après le premier parage, on ne va pratiquement jamais enlever de sole à part sur une bande d'environ 2 cm autour de la fourchette.
La concavité de la sole doit être construite, pas creusée !
Les talons et les barres
Ici aussi on cherche à atteindre le modèle naturel, avec des talons très bas mais épais et résistants.
Commencez par enlever la corne abîmée ou délitée dans le "V" entre la paroi et les barres ("seat of corn") jusqu'à atteindre la sole ferme et vivante.
Les talons et les barres restant au dessus de la sole peuvent être parés car cette corne "morte" que l'on a enlevée montrait que le pied essayait de raccourcir cette zone de toute façon.
Le cheval ne va pas essayer de raccourcir ses talons si les muscles et tendons ne sont pas prêts.
Equilibrez les talons en estimant la distance de la couronne au sol de chaque côté. Si les talons sont très déséquilibrés, évitez tout de même d'enlever de la sole vivante. Allez aussi loin que possible à chaque fois, sans être envahissant.
Les barres sont censées supporter du poids, mais "passivement". Cela signifie qu'elles ne doivent jamais être aussi longues que la paroi mais ne doivent pas être supprimées non plus.
Parez les barres de sorte qu'elles descendent le long de la fourchette en ligne droite. Elles doivent commencer au niveau du talon puis suivre le niveau ou être juste au dessus de la sole vivante.
Une barre qui pousse en recouvrant la sole ("laid over") n'est pas différente d'un évasement de la paroi ("flare"). Parez comme décrit ci-dessus.
Ne laissez pas les bleimes vous impressionner. Une sole trop épaisse est la cause la plus courante des bleimes. On en trouve le plus souvent lors du premier parage d'un cheval fraîchement déferré, et quasi jamais plus après. C'est une erreur de ne pas parer cette zone car cela laisse un point plus haut qui reçoit plus de pression et accentue le phénomène.
La pinceLa pince des chevaux domestiques est souvent beaucoup trop allongée vers l'avant. Cela porte le point de bascule du pied ("breakover") beaucoup trop en avant et tire continuellement sur la corne de la paroi. Cela contribue aussi à tirer les talons vers l'avant ("under run heels").
Le pied a alors l'apparence de "babouche" si l'on descend les talons. Les gens ont alors tendance à râper la callosité de la pince pour la raccourcir et élever les talons pour que le pied paraisse plus droit. Ils râpent une zone qui est déjà trop courte et laissent pousser une zone déjà trop longue. Au final le cheval se retrouve au mieux sans la protection de son sabot, et au pire dans un cycle de fourbure.
On ne réalise pas que la pince est en fait bien trop courte verticalement (par rapport à la position de P3). Il ne faut surtout pas enlever de sole en pince mais baisser les talons et laisser le cheval fabriquer sa pince avec le bon angle.
Si la pince est laissée telle quelle la pression mise dessus va causer ou aggraver les évasements de la corne. Si l'on voit de ces évasements ou si la ligne blanche est élargie, il faut raccourcir la pince verticalement. Cela a 2 buts : reculer le point de bascule donc autoriser un mouvement normal, et éliminer les forces qui tirent la paroi loin de P3 donc le nouveau sabot peut pousser en étant fermement attaché à P3.
De combien on raccourcit la pince dépend des dégâts existants.
- Si la pince descend en ligne droite de la couronne (vue de profil) et n'est pas tirée en avant, on ne raccourcit rien.
- Si la ligne blanche est élargie en pince et si l'on voit un changement de l'angle de pousse de la paroi (toujours vu de profil) sous la couronne, on raccourcit la pince jusqu'à la ligne blanche. On ne doit pas avoir peur de le faire car dans ce cas là la muraille n'offre aucun support pour le cheval. Supprimer le contact au sol va au contraire diminuer la douleur causée par l'étirement de la ligne blanche et permettre à la paroi de pousser correctement.
- S'il y a juste une légère déviation de l'angle de pousse et si la ligne blanche est intacte, on peut garder un peu de paroi au contact du sol.
On peut faire ça en râpant la paroi de dessus (pied en avant sur un trépied).